La femme est une partie de la force vitale de l’univers, partie infime, mais partie d’un tout continuel.
La légitimité ou la non légitimité d’une nation se mesure à l’aune du degré de bonheur des femmes qui la compose.
Les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours. Elles sont comme un art de la nature dont les règles sont infaillibles; et l’homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent qui n’en a point.
Auteur : La Rochefoucauld.
La volupté source d’intelligence
Tous les grands créateurs ont été de grands amoureux, et l’acte sexuel était pour eux, en même temps qu’un besoin, source de créations.
Les femmes, la sexualité pour tout dire, domine les œuvres des poètes, des écrivains des peintres, des sculpteurs, des musiciens ; et l’on peut sans se tromper assurer que toutes les œuvres humaines sont inspirées de l’acte sexuel, que celui-ci a été plus violemment repoussé.
Les œuvres religieuses entre autres sont d’autant plus nettement dominées par le désir sexuel, que celui-ci a été plus violemment repoussé.
Freud (et d’autres avant lui), l’avait compris quand il a parlé du refoulement. On ne peut pas tuer la nature; et les pages les plus mystiques des écrivains catholiques sont celles qui reflètent en même temps la plus puissante sexualité. C’est du reste un peu ce qui explique leur attrait auprès de bien des lectrices inassouvies qui puisent en ces pages ardentes, non pas ce qu’elles espèrent ou croient y trouver; un dérivatif à des besoins qu’elles ignorent ou méprisent; mais au contraire un aliment secret à leur luxure, d’autant plus dangereux qu’il ne s’adresse qu’a la vie cérébrale et imaginative de l’être.
Les « Exercices spirituels » de Saint Ignace de Loyola, le trop célèbre fondateur des Jésuites, sont en ce genre un exemple frappant de ce que nous venons d’écrire. Un être sain et raisonnable qui lit ces pages sombres et exaltées, est saisi d’abord par leur mysticisme, et ensuite, et plus fortement encore, par leur accent profond d’appel sexuel.
En effet, tous les écrits de ce genre semblent repousser l’amour humain et méprisent ouvertement la chair, mais ce qui peut paraitre étrange, c’est qu’ils en parlent sans cesse et que cette préoccupation constante prend la forme d’un érotisme particulier.
Les auteurs qui ont parlé librement de l’amour, ceux qui furent de grands créateurs, ont eu une vie sexuelle d’autant plus intense, et cela souvent à un âge très avancé, que leur génie a été plus varié, plus profond.
N’en faudrait-il citer que deux, parmi les plus grands, les noms de Goethe et de Victor Hugo viennent tout de suite à l’esprit. On peut affirmer que, dès qu’un homme repousse l’amour sain et naturel, ou qu’il veut totalement l’ignorer, il tombe, s’il n’est pas en inversion psychologique envers la sexualité, et, s’il est religieux par éducation, dans un mysticisme sexuel aussi certain que pernicieux. D’autres natures, et nous citerons le cas classique de Jean-Jacques Rousseau, n’ont pas trouvé en l’amour tout ce que leur imagination leur demandait. Il ne faut voir là qu’un cas spécial de névrose. Au reste le génial auteur d’ Émile ne fut-il pas guéri du jour où il connu Mme de Warens, c’est-à-dire le jour où il trouva un amour stable et régulier, où les sens et le cœur étaient également satisfaits.
Cet état maladif de Rousseau fut un peu celui de tout le Romantisme, avec une forme plus périlleuse, car au lieu d’intéresser un cas particulier, il s’adresse à une génération entière.
L’état sentimental résulte de la comparaison le plus souvent involontaire et presque inconsciente, mais puissante et obsédante, qui se fait entre nous, l’individu et la nature, c’est-à-dire entre la brièveté lamentable de chaque partie en face de la durée immuable du tout. La tristesse d’Olympio, voilà le poème que se disent à elles-mêmes les âmes sentimentales. L’extase mélancolique est faite de cette idée que, dans le bonheur dont la grandeur écrase, il y a malgré tout quelque chose de fluant, de provisoire, d’horriblement rapide comme la vie…Le bonheur doit fatalement finir… Et cela, alors même que l’amoureuse le dit, elle s’imagine peut-être, qu’il durera toujours… Avez-vous aussi remarqué que l’état sentimental se manifeste justement en face d’une nature paisible et qui semble, par cela même, comme arrêtée dans son cours? Ou encore, au bruit monotone des rames dont le rythme cadencé et régulier évoque aussi une idée d’arrêt et de durée? L’impossibilité de s’arrêter dans le bonheur conquis ou espéré, l’impuissance de l’être fini qui rêve l’infini, sans pouvoir l’atteindre, la tristesse d’être seuls à souffrir au milieu des choses heureuses (ou du moins qui semblaient l’être), et insensibles à nos maux ; voilà ce que je vois au fond de la rêverie de Lucie ; voilà ce qui fait qu’elle est pensive, et que sa tête appesantie finit par s’abattre sur l’épaule de son ami.
Si l’amour harmonieux se réalise, le couple est fondé, pour une durée plus ou moins longue, et la puissance créatrice est établie.
Dans le couple, l’homme est créateur, en tous sens il représente le principe fécondant. Il est la puissance, c’est-à-dire la pensée qui invente et la main qui exécute. Son domaine n’a pas de limite; il étreint et féconde tout: les sciences, les arts, l’industrie; il est vainqueur du temps et de l’espace; il fait même reculer la mort.
La femme est l’inspiratrice; elle représente le principe affectif, elle est la grâce, le lien qui rattache l’homme à la terre. Elle n’est pas créatrice mais elle est fécondée par l’homme dans son corps et dans son esprit. (Michel Bourgas).
Cette conception, n’est pas celle des féministes qui accordent à la femme des facultés identiques à celles de l’homme. Il semble que dans la délimitation exacte du rôle social de l’homme et de la femme, les nécessités du moment aient eu plus d’influence que les nécessités physiologiques.
On a justement remarqué que le féminisme n’a vraiment pas combattu pour les « droits de la femme », mais bien, sans s’en rendre compte, pour le droit de la femme de devenir l’égale de l’homme: chose qui, si elle était possible, sauf sur le plan extérieur pratico-intellectuel indiqué auparavant, équivaudrait au droit de la femme à se « dénaturer », à dégénérer. L’unique critère qualificatif pour chacun est, répétons-le, celui du degré de ou moins imparfaite réalisation de sa nature. Il n’y a pas de doute qu’une femme qui est parfaitement femme soit supérieure à l’homme qui est imparfaitement homme, de même qu’un paysan fidèle à la terre, qui remplit parfaitement sa fonction, est supérieur à un roi incapable de remplir la sienne.
A la différence de l’idéologie mortifère de l’égalitarisme femmes = hommes, ceux des partisans de la féminité, s’incline majestueusement devant cette puissante vérité :
« La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse ».
Victor Hugo
Les principes masculin et féminin jouent un grand rôle dans beaucoup de cosmogonies ; la contagion de sexe est souvent si puissante qu’elle s’étend même à des objets ou à des mots. On ne peut guère contester non plus le caractère nettement sexuel des fêtes promiscues qui abondent dans les religions antiques ; en Phénicie les orgies nocturnes du culte d’Astarté ; à Babylone les cinq jours de licence en l’honneur de Militta ; les fêtes d’Anaïtis en Lydie ! en Arménie et en Perse les fêtes d’Isis où le Phallus était adoré; les Lupercales, les Saturnales, les Florales de Rome…
La volupté est source d’inspiration et de joie. Contrairement à une affirmation un peu légère, l’homme n’est pas nécessairement triste après l’amour qu’il a désiré, et qui fut vraiment partagé. L’amour ne saurait être fécond qu’a cette condition et si la compagne a éprouvé la même somme de plaisir que son compagnon.
C’est pourquoi, en déshonorant le culte de l’amour physique, l’Église a ôté toute grandeur à l’amour. L’ignorance de l’amour physique chez la femme est la plus sûre garantie de la tristesse masculine après le coït. Dans le mariage catholique, elle en est la règle générale.
La déception de l’homme est le plus souvent faite de l’absence de personnalité amoureuse chez la femme, absence de personnalité que l’Église a voulue, et qui a été enlevée à la femme avec sa personnalité humaine.
Évidemment, il y a de grandes amoureuses. Il y en a toujours eu. On a toujours aimé, et toujours il y a eu de grandes passions.
A l’heure actuelle, le désir humain s’est libéré de nombreuses contrainte qui toutes, d’ordre sexuel ou d’ordre social, sont d’origine religieuse.
Mais la libération est récente. Elle n’est pas encore généralisée. On a obéi à un besoin plus qu’à la raison.
Depuis les années 1900 la femme a conquis sa personnalité humaine. L’admettre, c’est lui reconnaître ipso facto le « droit à l’amour », d’où découlent tous les autres droits. Pour ne l’avoir point fait, l’homme a rencontré une ennemie dans sa compagne : inévitable justice des choses.
C’est que dans l’espèce humaine les rapports sexuels n’ont pas comme chez les animaux, la reproduction pour unique objectif. Par l’attrait puissant que la nature a répandu sur tout ce qui se rattache de près ou de loin à l’acte génital, et par la faculté que, seuls dans la nature, nous possédons de pouvoir le répéter en tout temps, cet acte est aussi destiné à faire naître et à maintenir entre l’homme et la femme une affection et un attachement dont la durée est la base la plus solide de la société. Mais ce résultat n’est obtenu qu’à la condition sine qua non que la copulation soit effectuée d’une façon strictement confortable aux vues et aux prescriptions de la nature. (Michel Bourgas)
Lorsque l’amour naît entre deux individus et qu’ils s’unissent l’un à l’autre, ils n’y sont pas portés par le désir d’avoir des enfants, mais par sympathie ou par passion l’un pour l’autre attraction qui trouve sa réalisation normale dans le coït. (Anton Nystrom.)
La beauté des cris d’amour, c’est peut-être de n’exprimer que la folie sincère d’un instant, la réalité fulgurante d’une sensation à la douceur intolérable. Leur vérité meurt dans le silence qui les suit, mais tout le bonheur et le rêve d’une vie peuvent tenir dans leur splendeur brève. (Germaine Ramos).
La volupté, le pivot du monde (disait un poète), est donc nécessaire à l’humanité, et ce n’est pas pour rien que les Anciens avaient fait de l’amour le plus puissant de tous les dieux; ce n’est pas pour rien non plus que les inquisiteurs religieux l’ont en telle haine, « car ce qui tombe dans les bras de Vénus échappe à leurs terreurs technocratique religieuse.
La femme, longtemps traitée en ennemis, est toujours suspecte aux yeux le l’Eglise. Cette dernière a biens senti que la femme serait toujours instinctivement et inconsciemment son adversaire, étant l’objet qui doit éloigner l’homme des vaines abstractions, pour le ramener aux désirs naturels. En cela, elle le féconde et le libère.
Chez l’homme, le besoin sexuel se développe par la raison qui le rend conscient, et en même temps l’unit à un besoin esthétique. (Anton Nystrom)
Si l’homme se voyait privé du besoin sexuel et de tout ce qui en découle au point de vue mental, presque toute la poésie et peut-être tout le caractère moral serait arraché de sa vie.
Quand nous avons dit que la femme est l’inspiratrice, nous devrions plutôt dire qu’elle est la source d’inspiration et comme le modèle choisi par l’homme.
La vue des beautés qui revêtent toutes les parties, aux proportions harmonieuses, du corps de la femme, exerce un tel empire sur les sens de l’homme que leur représentation par la peinture, la sculpture, le dessin, ou seulement par l’imagination suffit à l’émouvoir. (M. Bourgas)
L’homme a cherché dans sa compagne le modèle mais non point seulement pour la beauté physique. Il a cherché ce que tout être cherche dans l’amour et ce qui est la raison du désir.
L’amour, dans sa plus haute acception, a pour essence cette élection, ce choix qui a toujours pour raison déterminante les perfections de l’être préféré: Beauté ou perfection physique; Esprit, ou perfection intellectuelle, Bonté, ou perfection morale. (M. Bourgas)
Sur le plan humain, l’amour est une nécessité physiologique autant que sentimentale et cérébrale répondant aux trois plans (corps, âme, astral), une attraction de sexes opposés en vue de la perpétuation de l’espèce. (Eugène Figuière : Le bonheur en huit leçons)
Lorsqu’on pose le problème de l’amour, qui est plus simplement celui du bonheur humain, il est vain de songer à établir une supériorité d’un sexe à l’autre. L’existence d’un désir réciproque sans lequel il ne saurait exister que la caricature de l’amour, implique la dépendance mutuelle d’un être à l’autre. Il est également vain de vouloir déterminer les apports dans cette communion de la chair par laquelle s’enrichit le domaine des sensations de deux amants.
La manière de donner, peut-être, et en tous cas, les facultés réceptives ont plus d’importance que ce qu’on donne et l’on peut, sous cet aspect, accepter la définition que donnait Adrien Hébrard, de l’Amour : « l’Amour est comme une auberge espagnole, on n’y trouve que ce qu’on y apporte. »
Sous une apparence pessimiste, cette pensée confirme notre thèse : Il faut connaitre et aimer l’amour physique, pour y trouver des joies. Comme la faim et la soif, nul ne saurait l’ignorer, sans risquer d’en souffrir.
C’est donc en vain que l’église a, pendant de longs siècles, combattu l’instinct sexuel et la volupté, que dans sa haine cupide elle a qualifié de « luxure » et rangé parmi les sept péchés capitaux.
La volupté est la source de toute beauté, de toute noblesse, de toute grandeur et de tout désintéressement.
C’est elle qui a poussé les hommes à créer des chefs- d’œuvre qui couvrent la surface de la terre, elle qui est la mère des sciences et des arts, elle que les Grecs représentaient sous les traits de Mnémosyne, mère des neuf sœurs, et toutes les civilisations qui l’ont repoussée n’ont pas a tardé à dessécher et à mourir.
Partout où la pensée catholique est arrivé, la désolation l’a suivi, mais c’est le problème en général de beaucoup de structure religieuse qui ont comme idéologie: la négation du principe féminin, de l’amour de la sexualité, a la différence du Christianisme Solaire primitif libérateur exterminée par la technocratie religieuse de Rome.
L’esprit grec fait place au byzantinisme; le caractère romain, plein de mâle vigueur, s’efface dans la nuit du Moyen-Age où toute tentative de l’esprit est vouée à l’insuccès, où sont persécutés et mis à mort dans d’effroyables tortures, ceux qui veulent rallumer le flambeau rayonnant de la Vérité, femme nue. C’est au Moyen-Age que nait cette effroyable aberration de l’esprit et ses sens que fut l’Inquisition.
Il faut la lecture des poètes anciens, miraculeusement exhumés; la poussée irrésistible de la Renaissance pour que les ténèbres du dogme s’effacent, il faut les efforts des Encyclopédistes et les coups de bélier assénés contre l’obscurantisme par la Révolution française, pour que la Volupté puisse enfin s’asseoir au banquet humain.
La volupté, mère de la raison, mère de la poésie, est celle qui réchauffe, éclaire et vivifie l’intelligence ; et sans elle, non seulement aucun art n’existerait bientôt plus, mais toute vie ne tarderait bientôt pas à disparaître de la terre.
L’appel sexuel : une force mystérieuse irrésistible
Il nous faut toujours revenir aux mêmes affirmations de base pour expliquer l’origine de tout un système social. Nous y revenons donc et nous profiterons de ce rappel pour ajouter de nouveaux témoignages.
L’appel sexuel, avons-nous dit, est une force irrésistible comme toute fonction naturelle. Ceux-là même qui tentent de n’y pas satisfaire, tombent dans le désordre intérieur et le déséquilibre, en dépit de tous les artifices employés.
Le célibat des prêtres a pour conséquence les scandales répétés des prêtres du catéchisme. Un être qu’affole le besoin sexuel, ne connait plus d’autres lois. Son libre arbitre est diminué lorsqu’il n’est pas aboli.
Une seule force pouvait se croire capable de lutter contre l’appel sexuel, et cette force était la religion.
Certes, elle devait être vaincue d’avance, mais en fait elle était la seule à pouvoir remporter des victoires provisoires, en établissant un arsenal de lois morales, religieuses ou civiles, en jouant à la fois de la malédiction divine et de la prison des hommes.
L’antiquité, avec son profond sens humain, n’avait pas songé un seul instant à considérer « l’acte de chair » comme un péché, et avait, au contraire, divinisé l’amour.
« Vénus était la seule des divinités de premier ordre que les images montraient entièrement nue; la déesse de la beauté seule avait le droit de se montrer avec tous ses charmes. L’art antique s’occupait de la déesse de l’amour avec autant de zèle que le Moyen-Age de la madone chrétienne, car on lui attribuait une puissance extraordinaire aussi bien au ciel que sur la terre. »(Anton Nystrom).
Contrairement aux idées mensongères généralement admises et colportées avec art, la débauche n’inspirait pas les fêtes païennes, tout au moins dans les beaux siècles de la Grèce et de Rome, et l’opinion de Plutarque, entre autres, est formelle à cet égard :
« Car aucun lien et aucun moment ne sont aussi pleins de joie et de jouissance que le peuple est les jours de fête. C’est alors que tout chagrin, toute tristesse, tout découragement, sont bannis. »
On a accusé, quelquefois avec un semblant de raison, ces fêtes païennes de dégénérer en orgies et on a reproché aux Anciens de donner au culte de la chair trop d’importance. C’est peut-être exact. Michel Bourgas met les choses au point en écrivant :
« Les rapports sexuels ne méritent ni l’excès d’honneur que leur décernaient les Anciens, ni l’indignité dont les frappèrent les hypocrites et les Origène. Il faut tout simplement les admettre dans leur signification, telle qu’elle se dégage des travaux des physiologistes modernes. »
On a reproché aux Dieux du Paganisme de représenter un peu trop fidèlement les hommes avec toutes leurs qualités, et surtout avec tous leurs défauts.
« Si même la représentation que l’antiquité se faisait des Dieux n’était pas propre à en faire des modèles de sainteté, elle n’en était pas moins en état de mettre des bornes à l’immoralité. D’ailleurs, la religion aussi bien que l’art poétique contribuaient à ennoblir toute la vie des sens par la poésie intérieure et la beauté des formes extérieures. Aussi le centre de gravité du culte païen était-il la joie. » (Anton Nystrom)
Ainsi l’homme de l’Antiquité se sentait un être libre ; il n’était pas séparé de la divinité, mais il était plutôt une partie de cette divinité même.
L’enfer, tel que le conçoivent les théologiens, n’avait pas de sens pour lui, et il ne serait pas venu à l’esprit d’un Grec qu’on put être puni éternellement pour une faute d’un instant.
« L’homme pouvait acquérir par lui-même la sagesse et la vertu, il n’était nullement nécessaire pour cela de croire à quelque miracle, il suffisait d’écouter la voix de sa propre raison et de faire usage de ses propres forces spirituelles. »
Mais le catholicisme apparut et la face du monde changea.
« Pour se rendre compte du fossé existant entre l’antique religion païenne et la religion chrétienne, il faut d’abord considérer que le christianisme fut, dès son apparition, une religion de l’esprit et qu’elle était ce qu’on appelait une révélation ; tandis que le monde Gréco-Romain avait une religion naturelle, fondée sur la tradition. Il importe d’ailleurs de se rappeler que, lorsque le christianisme entama la lutte contre la paganisme, il se trouva vis-à-vis de nations dégénérées auxquelles il s’attaqua en châtiant aussi bien qu’en édifiant. C’est ainsi qu’il se mit à prêcher que la nature est séparée de l’esprit par le péché et que l’homme ne peut, en vertu de sa propre force, s’élever jusqu’à Dieu, mais qu’il a besoin pour cela d’une aide d’en haut ou Rédempteur, qui est Christ, fils de Dieu. Pour y arriver, il fallait avant tout la repentance, la pénitence et la renonciation à tout ce qui est terrestre.
La religion naturelle des Grecs ne connaissait pas la différence que fait le christianisme entre la nature et l’esprit, elle tendait plutôt à diviniser la nature et conférait à la sensualité de l’homme des droits à la dignité Divine. (Anton Nystrom)
Avec le christianisme, le Péché apparut, et le plus grand péché, par une réaction violente, fut l’objet qui avait été considéré avant comme la plus grande vertu: l’amour.
C’est ce qu’a si bien senti Musset, quand il a dit dans ces trois vers de » l’espoir en Dieu ».
Pour moi, tout devient piège et tout change de nom,
L’amour est un péché, le bonheur est un crime,
Et l’œuvre des sept jours n’est que tentation.
On pourrait multiplier les témoignages ou mieux, les accusations.
C’est le christianisme qui a introduit l’idée de l’impudicité, du péché dans l’acte sexuel. Ce sont de « mauvais penchants » qui y portent et le chrétien doit s’en préserver. ( Nystrom.)
Le nu fut proscrit avec une sainte horreur, tout ce qui honorait la fonction sexuelle devrait disparaître de la surface de la terre.
La fonction sexuelle ayant un certain rapport avec la morale et la théologie, avec ses vues surnaturelles, ayant exercé en ces résulté une conception fausse et exclusive de la moralité et de la faculté que possède la volonté humaine de disposer de la fonction sexuelle. ( Anton Nystrom)
La femme, dispensatrice de la volupté, fut regardée d’un œil soupçonneux par les créateurs du dogme, et les discussions les plus subtiles, les plus saugrenues, furent agitées par de savants docteurs, de doctes assemblées, qui se demandaient gravement par exemple, si la femme avait une âme ou quel était le sexe des anges. Heureuse cette pauvre femme quand les insultes ne l’éclaboussaient pas, insultes proférées par les grands saints.
Saint Bonnaventure dit: « Quand vous voyez une femme, figurez-vous avoir devant vous, non pas un être humain, pas même une bête féroce, mais le diable en personne; sa voix est le sifflet du serpent.
Ce fut alors que la fausse vertu triompha et que la chasteté, suprême invention de l’Eglise, devint le grand bien auquel devaient aspirer les croyants pour atteindre le ciel, unique récompense.
L’application des principes de l’ascétisme chrétien a fait d’innombrables victimes, les lois et les châtiments les plus cruels étaient décrétés pour la punition de ce qu’on appelait des crimes contre les lois les plus arbitraires et les plus révoltantes qui existassent. (Anton Nystrom.)
La chasteté étant vertu, l’amour ne tarda pas à devenir un crime.
Du Dégoût pour la pratique pour l’acte sexuel qui était considéré comme quelque chose de criminel, il devait inévitablement résulter que le célibat chrétien fut représenté comme le vrai moyen d’obtenir le salut. Ce fut là un des moyens les plus efficaces de répandre la nouvelle doctrine, surtout chez les femmes, qui avaient tout lieu de désirer relever leur considération auprès des sévères Père de l’Église. Les enseignements de Saint Paul sur l’abstinence, furent adoptés avec fanatisme par des jeunes femmes converties qui se firent un honneur de vaincre les tentations sexuelles, et le célibat, que la loi romaine avait considéré comme une honte, fut désormais considérée comme une victoire de l’esprit sur la chair. Bientôt on vit s’établir une espèce de concours entre les jeunes filles qui s’unissaient avec le fils de Dieu en un mariage mystique.
Il faut cependant reconnaître que ce n’était pas seulement la satisfaction morale de conserver leur virginité qui les portait à ce concours de vertu, mais bien aussi la vanité féminine, le plaisir d’être reconnues supérieures à d’autres et de recueillir des honneurs publics pour leur vertu. C’est ainsi que les jeunes vierges avaient une place réservée dans les cérémonies de l’Eglise, et elles portaient une coiffure spéciale, mitre, avec un voile violet, brun ou noir, qui enveloppait la tête et les épaules.
Suivant l’exemple des femmes, des hommes prirent également l’engagement d’observer la chasteté ou de s’abstenir de tout rapport sexuel, selon qu’il leur était possible de le faire. (Anton Nystrom)
Cette chasteté, qui était une vertu chez les laïcs, devint une obligation impérieuse pour les clercs, mais cela n’alla pas sans mal.
Nul lien terrestre, pas même par conséquent celui de la famille, ne devait tenir serviteurs de Dieu et de l’Église à l’écart d’une vie en Dieu et pour l’Église. Au 4ème siècle, les synodes de province commencèrent à interdire formellement le mariage à tous les serviteurs de l’Eglise, mais cette mesure n’eut pas grand résultat. Si même les évêques et les autres prélats ne se mariaient pas, il semble qu’ils eurent souvent des concubines, et le Concile de Nicée (325) dut le défendre par décret. Cependant cette défense ne fut pas observée, et le pape Zacharie se trouva porté, pour cette raison, à défendre aux évêques de cohabiter avec une femme (732). (Anton Nystrom)
Cette époque, que les tartuffes de l’histoire de l’Église ont toujours pris soin de cacher soigneusement, fut une époque de scandales effrénés et de débauche sans nom, vêtue d’un hypocrite manteau de sainteté.
« La sensualité prit à tel point le dessus chez un grand nombre de premiers chrétiens, qu’ils se rendaient souvent directement de l’Église au bordel, après avoir pris la Sainte-Cène. Les évêques et les prêtres n’avaient pas toujours la force de résister au besoin sexuel, et les conciles furent obligés d’enjoindre à ceux qui distribuaient le sacrement, de veiller plus sévèrement sur leur chasteté. (Anton Nystrom)
Il est juste de reconnaître qu’aux débuts du christianisme, les premiers apôtres, hommes fanatiques, mais simples et frustres, furent peut-être scandalisés par ce qu’ils stigmatisèrent avec énergie sous le nom de « corruption païenne ».
Ceux-ci ne comprenaient rien au culte admirable de l’être humain, de la volupté source d’intelligence. D’autres, plus intelligents et plus rusés, résolurent d’asservir cette force, pour la plus grande gloire de Dieu et de l’Église.
Ils créèrent un mouvement de réaction contre la chair, qui ne tarda pas à prendre une ampleur sans pareille.
Le fanatisme sévit avec vigueur ; la confession, admirable moyen de domination, s’instaura, la femme devint l’espionne dans la famille (souvent inconsciemment), la délation entra dans les couvents aussi bien qu’au foyer, et par elle le prêtre régna.
Un sacrement devait unir deux êtres qui voulaient consommer l’acte de chair, et le Mariage fut instauré, nouveau lien par lequel l’Église asseyait plus solidement sa domination.
« Mais, je le disais aux mariés et aux veufs ; ils font bien s’ils demeurent célibataires comme moi, toutefois s’ils ne peuvent s’abstenir, qu’ils se marient, il vaut mieux se marier que de brûler ». (Saint Paul)
En dehors du Sacrement de mariage, aucun acte amoureux ne fut permis.
« Conformément à l’opinion de Saint Paul, on qualifiait déjà, dans les premiers temps de l’ère chrétienne, d’adultère ou de fornication, toute union sexuelle en dehors du Mariage, par conséquent même celle qui avait lieu entre des personnes non mariées. Les hommes d’Église ne tardèrent pas à s’aider de la loi pénale ecclésiastique pour le soutien de ce principe, en introduisant des peines pour des unions sexuelles entre célibataires aussi bien que pour d’autres péchés de la chair ; c’est ainsi que les délinquants durent, pendant bien des années, faire des pénitences, être exclus des prières communes, des assemblées chrétiennes, etc… » (Anton Nystrom)
La femme ne fut pas pour cela regardée d’un meilleur œil. On l’accusa d’être un « vase d’iniquité », et la superstition aidant, on l’accusa vite d’entretenir commerce avec le Démon.
Les manifestations de la vie sexuelle se manifestant toujours malgré les préceptes de chasteté, les prêtres et les évêques agirent.
« Dans l’Église chrétienne on a eu, dès les temps les plus anciens, la plus grande difficulté à réglementer la vie sexuelle, et la conséquence en a été qu’on s’est vu porté à des absurdités sur cette question. Tout ce qui n’était pas sur le chemin du salut était péché ; tout ce qui était « charnel », tout ce qui appartenait à « l’homme naturel » était péché, la chair devait être tuée, la terre était une vallée de larmes, on ne devait aspirer a rien de terrestre pour ne désirer, pour n’avoir d’autre but que la vie éternelle dans un autre monde. Les premiers apôtres chrétiens avaient pour mission de réformer les mœurs dégénérées de la société antique, en prêchant l’abstinence de la chasteté, et pendant longtemps leur tâche fut, à proprement parler, de combattre le besoin sexuel et la prostitution. Dès le commencement, malheureusement, ils dépassèrent le but en répandant des idées et des utopies contre nature à ce sujet. (A. Nystrom)
La sorcellerie fut enfin la plus terrible expression de mépris de l’Église pour la femme alliée à la doctrine du Diable.
Protestants et Catholiques rivalisèrent au 16ème et au 17ème siècle, en divagations plus insensées les unes que les autres au sujet des femmes qu’on considérait comme des « sorcières », lesquelles, en union avec le diable, vivaient en péché sexuel, et d’innombrables malheureuses furent accusées, condamnées et torturées jusqu’à la mort. L’érotique était devenu le point de départ d’un système vraiment diabolique, inventé par de savants théologiens pour convaincre et juger les infortunées victimes de leurs imagination dévergondée. Toute manifestation du besoin sexuel était péché pour eux, et les juges chrétiens des procès en sorcellerie montrèrent jusqu’à quel point l’esprit de préjugé et la cruauté peuvent dominer les hommes quand on les voit accuser de pauvres femmes sans défense d’entretenir des rapports sexuels avec le diable et les forcer à le reconnaître par la torture pour les condamner ensuite à une mort affreuse sur le bûcher » (Anton Nystrom).
Tout ceci n’était qu’un plan admirablement bien conçu et exécuté avec une rigueur implacable pour permettre a l’Église de dominer au moyen de sexe par ces deux facteurs déjà indiqués : la confession et le mariage ; sans compter l’obligation au célibat pour les prêtres.
« On peut comprendre qu’autrefois l’Église, dans les temps de l’ignorance, ait exercé sa domination sur les esprits et fait valoir son influence sur la législation. Tous devaient appartenir à l’Église de l’État, tout le monde était d’accord sur ce point, et toute apostasie était punie avec la plus grande sévérité. Tout ce qui n’était pas juste selon l’Église, tout ce qui appartenait à l’homme naturel, tout ce qui était charnel relevait du péché et était condamnable, et contre le péché on avait des moyens effectifs, soit dans la doctrine de l’enfer, soit dans les punitions légales, qui étaient sévères, parfois même absolument tyranniques. » (Anton Nystrom)
Cet esprit de persécution n’est pas particulier à l’Église catholique, et l’on peut affirmer que le protestantisme, son fils aîné, fut son digne continuateur en hypocrisie et en aberration sexuelle.
Ainsi, le Protestantisme déclare pour un affreux péché tout acte de chair commis en dehors du mariage, même si les « coupables » ne sont pas mariés, et de sévères peines furent édictées contre les délinquants, peines qui allaient de l’exposition sur un pilori jusqu’à la fustigation.
Il ne semble pas pourtant que ce soit là l’esprit de Luther.
Le célibat des prêtres catholiques a montré, dans une succession de siècles, combien il été impossible, même pour des hommes de principes rigides, de conduite sévère, de se débarrasser des tentations sexuelles.
Aussi Luther s’est-il élevé contre le célibat de prêtre en disant : « L’état de célibat est une grande hypocrisie… Quand vint le temps de la colère et de l’aveuglement qu’on pourchassait la vérité et qu’on honorait le mensonge, on se mit à mépriser le pauvre sexe féminin au nom d’une sainteté illusoire et de l’hypocrisie… Il est aussi impossible à l’homme de se passer de la femme qu’il lui est impossible de se passer de boire et de manger ».
Luther l’avait si bien senti qu’il affirma « que les exigences de la vie sexuelle n’ont aucun rapport avec la véritable vertu. »
« Tel individu qui ne vit pas d’une vie « pure » d’après la doctrine de l’ascétisme, peut être un homme d’un caractère noble et altruiste, tandis que bien des puritains peuvent être cruels et inhumains. Il en est beaucoup qui sont nés avec des besoins sensuels impérieux et qui sont pourtant vertueux, quand ils s’entendent à régler et à maintenir ces besoins, tandis que bien des puritains ne le sont pas, parce qu’ils n’ont eu, dès leur naissance, aucun penchant sexuel à combattre. »
La chasteté, moyen inventé par l’Église pour assurer sa domination, ne consista le plus souvent qu’en une torture sans résultat infligée aux malheureux qui voulurent se l’imposer.
« L’imposition de fardeaux pareils produit soit le désespoir, soit l’illusion. Nous voyons chaque jour que les rêveries religieuses aboutissent, chez des centaines de personnes, à la folie ou au suicide. Ceux qui ont réussi à ces deux alternatives se jettent dans les bras de maîtres qui ont le don de dominer ces âmes désespérées en leur imposant la résignation et la renonciation à toute joie terrestre. » (Évêque Agarah)
Des écrivains bien-pensants ont objecté, avec le plus grand sérieux, que la pureté s’obtient par la grâce, et que moyennant ce secours céleste, en être sain et normal peut repousser avec succès et facilité tous les appels de la chair. Il est vrai que cette « grâce » ne peut être obtenue que par la fréquentation assidue des sacrements de pénitence et de communion ; et toujours le plan méthodique de domination se poursuit.
« Cette perfection et cette « pureté » que la grâce a créées chez l’un ou l’autre ascète, fait peut-être bon effet sur le papier, mais c’est un état qui a été obtenu au mépris de la véritable destination de l’homme, de l’harmonie de son existence et de son organisation physique. »(Anton Nystrom)
Si sous certaines pressions, l’Église a reconnu, avec beaucoup de réserves, et dans le mariage seulement, le besoin du désir sexuel, elle n’a reconnu ce désir légitime que pour l’homme seulement, et l’a refusé avec énergie à la femme.
« Les idées qui ont cours dans l’Église et à l’école au sujet de la femme et de son éducation au point de vue sexuel, partent du point de vue du principe implanté que le besoin sexuel n’existe pas et ne doit pas exister chez elle. C’est là ce qu’exige la « pureté » de la conception de la morale du jour. La jeune femme doit entrer « chaste » dans la vie conjugale, c’est-à-dire sans besoin sexuel, elle doit se fiancer et aimer son fiancé en « chasteté », c’est-à-dire sans désir érotique, sans passion. Peut-on s’étonner après cela de ce que mainte jeune femme dont les principes ascétiques ont fait une nature froide et qui a été fiancée sans amour sexuel et sans caresses, a été mise hors d’elle-même par la « brutalité de la nuit de noce », et s’est prise de dégoût pour l’époux « grossier et sensuel » auquel elle a été unie par un « nœud chrétien légitime. »(Anton Nystrom)
Ainsi l’épouse meurtrie dans sa chair et dans sa sensibilité, se réfugiera dans la piété et livrera tous ses scrupules à son confesseur qui lui apprendra la résignation, lui dira que, si elle doit céder à son mari, elle ne doit pas y chercher un plaisir que Dieu défend, et que cet acte qui la dégoûte n’est utile seulement que pour faire des enfants, de bons petits catholiques, s’entend.
Ainsi l’on voit de ces épouses ternes qui n’ont jamais été transfigurées par la jouissance sexuelle, passer une triste vie auprès d’un époux qu’elles jugent, avec juste raison, grossier et cynique, à élever des enfants dont elles ne comprendront pas, à la puberté, les légitimes désirs, ne les ayant jamais éprouvés elles-mêmes.
« Les sentiments raffinés et définis de l’amour rencontrent l’opposition de tous ceux qui ne les partagent pas. C’est de l’outrance, un état maladif, disent-ils. Comme si l’outrance, la maladie, n’étaient pas un état naturel. » (Goethe)
N’est-ce pas une telle union qui fut la base du déséquilibre de Mme Lafarge qui, pour se débarrasser du mari grossier, suivant elle, et qui l’avait blessée dès la première nuit de noces, aboutit à l’assassinat par l’empoisonnement. Criminelle bien caractérisée, a-t-on dit. C’est possible. Mais criminels aussi ceux qui ne laissaient, il y a quatre-vingts ans, à une femme jeune et qui s’est trompée, ni la porte de sortie du divorce, ni la possibilité de refaire sa vie autrement que par le veuvage.
Si criminelle il y a, Mme Lafarge n’est-elle pas le type parfait de la jeune fille bourgeoise catholique, élevée en dehors de la vie naturelle, produit de l’éducation catholique et des fausses pudeurs, qui, après lui avoir fait commettre une erreur, ne lui ont même pas laissé les possibilités de l’accepter.
Et ne pouvons-nous, une fois de plus, affirmé que la nature se révolte toujours, que l’instinct réprimé ne connaît plus de règles ? Combien d’êtres, sans aller au crime, ont-ils eu leur vie ainsi gâchée ?
La religion sera leur ultime refuge et encore une fois l’idéologue aura triomphé.
Au nom de l’intérêt supérieur du bien commun, et en dépit des fausses apparences sociétales, car en vérité toute la question sexuel tourne autour du pénal, il est a souhaité qu’un jour que la sexualité l’Amour aura droit complet de cité dans nos mœurs et dans notre législation, où l’on pourra parler de volupté sans faire rougir personne, où la femme aura les mêmes droits que son compagnon à cette bienfaisante volupté, source de santé physique et intellectuelle, a ce moment là, l’industrie de la pornographie sera déserté, la misère sexuelle, la solitude amoureuse, aura disparue complètement de la surface de la terre, et l’impitoyable technocratie des fait divers de la triste condition humaine, aura perdu le plus sûr de ses épouvantails : la sous culture régressive oppressive pornographique de la négation du genre humain sexuée antithèse de la sexualité-Amour régénératrice voluptueuse thérapeutique, cette équation de l’excellence, est toujours l’expression de la loi naturelle Universelle.
La sexualité l’Amour est un droit dont personne ne doit chercher à priver l’individu. Montaigne disait : « Qu’a dont fait aux hommes l’action génitale, si naturelle et si nécessaire, pour la proscrire et la fuir, pour n’oser en parler sans vergogne et pour l’exclure des conversations ? On prononce hardiment les mots tuer, voler, trahir, commettre un adultère, etc…, et l’acte qui donne la vie à un être, on ose le prononcer !… O fausses chastetés ! Honteuse hypocrisie ! ».
Et il ajoutait : « ne sont-ils pas bien bruts ceux qui nomment brutal l’acte qui leur a donné le jour ? ».
Quelle est la nature du substrat sexuel ?
Chez les individus des deux sexes le substratum du sexe est super-physique, il a son siège dans ce que, avec les anciens, nous avons appelé l’âme du corps, ce « corps subtil », intermédiaire entre la matérialité et l’immatérialité, qui, sous différents noms figure dans les enseignements traditionnels de différents peuples (par exemple le sûkshma-çarîra des hindous et le corps « sidéral » de Paracelse). De nouveau, il faut penser à quelque chose de comparable à un « fluide » qui entoure, pénètre et qualifie le corps de l’homme et de la femme, non seulement dans les aspects physiques, en donnant à tous les organes, à toutes les fonctions, à tous les tissus, une empreinte sexuelle.
A partir de ce postulat on pénètre dans cette « atmosphère magnétique des individus de sexe différent », il s’agit du principe yang ou du principe yin qui pénètre l’être intérieur et la corporéité de l’homme et de la femme, sous les espèces d’un fluide et d’une énergie formatrice élémentaire.
Un des noms donnés au « corps subtil » est celui de « corps aromal ». La relation avec l’odorat n’est pas sans importance sexologique. On connaît le rôle particulier que la sueur a eu dans les charmes populaires. L’odorat a un rôle actif dans le magnétisme de l’amour physique et dans « l’intoxication fluidique » des amants. Dans l’antiquité on pensa, et chez certains peuples primitifs, on pense encore que le fluide d’un être le pénètre jusqu’à en imprégner, en plus du corps, les vêtements (on doit associer à cela certains cas du « fétichisme des vêtements »).
De là, des pratiques qui se sont souvent continuées dans les habitudes des amants et des peuples primitifs (chez ces derniers, aspirer l’odeur et prendre avec soi les vêtements endossés par l’un ou par l’autre, est comme un moyen pour garder les relations et la fidélité quand les deux personnes sont obligées de se séparer – aux Philippines, par exemple). Ces pratiques ne présentent un caractère superstitieux ou simplement symbolique, que si l’on néglige, dans l’odorat, le fait « psychique » qui peut se produire parallèlement au fait physique. Le cas-limite est celui d’une intoxication érotique susceptible de se réaliser en plus de l’intermédiaire du regard, par celui de l’odorat aussi (« il l’a regarda et l’aspira, elle le regarda et l’aspira » – Maugham).
La beauté réside dans la réalisation de notre être sexué et non dans la négation de ses fondements naturels.
La sexualisation a différents degrés ; et au fait physioanatomique, que, dans chaque individu d’un sexe figure aussi des rudiments de l’autre sexe, correspond, plus généralement la possibilité d’une sexualisation incomplète des sexes, c’est pourquoi il y a des êtres qui ne sont pas purement des hommes ou purement des femmes, mais qui ont le caractère de degrés intermédiaires. Ce qui revient à dire que dans chaque individu déterminé, la qualité masculine et la qualité féminine sont toutes deux présentes en un dosage différent, bien que la force vitale, le fluide de l’être d’un sexe donné, en tant qu’il appartient malgré tout à ce sexe, est, pour l’exprimer en termes chinois, fondamentalement yang ou yin, c’est-à-dire fondamentalement qualifié selon le principe masculin ou bien selon le principe féminin.
A ce titre, il est très important de définir l’homme absolu et la femme absolue, le masculin et le féminin en soi, à l’état pur, comme « idée platonicienne » ou archétype, afin de pouvoir déterminer le degré de sexualisation effective de ceux qui, en gros, sont appelés hommes et femmes.
Maintenant que toute la lumière historique sur cette extraordinaire et puissante Énergie Sexuelle, à travers le narratif ci-dessus, a été fait, je vous propose l’initiation à la Méditation Tantrique De l’Amour Source pour faire circuler dans votre corps le flux liquide lumineux de l’énergie cosmique sexuelle curative sous la direction de votre « Soi Supérieur » ou votre Conscience du « Je Suis ».
Cette initiation vous permettra de passer à des niveaux existentiels supérieurs.